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Le journal de Firmin Teko-Agbo

Mon point de vue sur la géopolitique et la situation des droits de l'homme en Afrique et dans le Monde

Faure Gnassingbé déterminé à rester le plus longtemps possible au Pouvoir ?

Adieux les réformes !!!... En tout cas pour le moment . Dans une interview accordée le mardi dernier à Deutsche Welle, chaine allemande, le Président de la République Togolaise dit s’interroger toujours sur la limitation de mandat et il compte par là demander aux universitaires, intellectuels et à la société civile de réflechir sur le sujet afin de montrer la piste à suivre.. une position qui semble ambigue mais qui clarifie la position du Régime Gnassingbé par rapport aux réformes. Une position qui vise à faire perdre du temps, à épuiser l’opposition et à dire implicitement non aux réformes constitutionnelles et institutionnelles... M. Le Président Chapeau!!!

Ce n’est nullement une surprise. La position du Régime Togolais par rapport à la question des réformes constitutionnelles et institutionnelles était plus ou moins connue. Le Système de Lomé étant dans sa posture de conservation de Pouvoir, fait trainer les choses, en ne mettant pas en oeuvre de fond en comble les différentes recommandations ou engagements signés ces dix dernières années.. Il fait du dilatoire. Ce mardi 14 Juin, il confirme. Le Président du Togo se montre un peu plus clair dans une interview qui fait ressortir trois points importants.

1 L’interrogation du Président de la République. « ... sur ce problème de limitation de mandat, je m’interroge plutot ». Faure Gnassingbé, il faut le souligner est à la tète du Togo depuis 2005. 11 ans de règne déjà. L’Accord Politique Global qui parle explicitement des réformes constitutionnelles et institutionnelles date de 10 ans. Il a été signé en 2006. Ce qui signifie simplement que le Président de la République réfléchit sur les réformes depuis 10 ans. 10 ans ne lui ont-ils pas suffi pour trouver une solution à cette question. ? il lui faut combien d’années encore pour demander à sa majorité de limiter le mandat présidentiel à deux ? 20 ans ou 30 ans pour le faire ?

2 Le Souhait du Chef de l’Etat : « Mon souhait en tant qu’Africain est que ce débat soit mené par nos intellectuels, des universitaires, la société civile pour qu’ils puissent nous donner des pistes de réflexion ». De quels intellectuels parle le Président Africain ? On se demande si on est encore et toujours à cette étape. N’est-Ce pas Faure Gnassingbé lui-mème qui a créé la Commission Vérité Justice Réconciliation ? va-t-il nous dire qu’il ne connait pas les Membres de cette commission ? Cette Commission est bel et bien composée d’intellectuels. Monseigneur Nicodème Barrigah, président de ladite Commission est un Grand intélectuel, une Icone, une Légende. Le Professeur Koffi Ahadji , Juriste, Président de l’Université de Lomé d’alors, Universitaire donc . La Commission regorgeait en son sein d’autres intellectuels. Et ces Intellectuels, Membres de la CVJR ont réfléchit longtemps, ont étudié l’histoire politique et ont essayé de faire la lumière sur les évènements douloureux que le pays a connus de 1958 à 2005.

Ces Membres ont transmis au Président de la République en 2012 un document dans lequel figurent différentes recommandations. Et certaines de ces recommandations parlent de réformes constitutionnelles et institutionnelles. Et la Commission recommande qu’à l’avenir, le mandat présidentiel soit limité et que le président de République soit élu pour un mandat de 5 ans, renouvelable une fois. Le travail est déjà fait donc. La réflexion est déjà menée et la conclusion est tirée et remise au Chef de l’Etat. Les intelectuels dont parle Faure Gnassingbé dans son interview ont déjà fait le travail. Qu’attend-il encore, le Président de la République pour mettre en oeuvre ses recommandations ? voudrait-il donc que le meme travail se fasse deux fois mais avec de différents visages ? .Ou Les premières conclusions qui sont celles de la CVJR ne l’ont peut-ètre pas convaincu ?

3 Mise en place d’une éventuelle Commission. Le Président de la République parle implicitement d’une Commission, puisque c’est une Commission qui va regrouper ces intellectuels, société civile et universitaires sur le sujet. Il nous souvient que c’est le Parti du Président de la République qui avait modifié unilatéralement la constitution Togolaise en 2002. Et ce parti n’avait demandé l’avis d’une quelconque Commission (intellectuels, Universitaires, société civile) avant de passer à la modification de la constitution votée ou plebiscitée par le Peuple Togolais en 1992. Et 85% de ce mème Peuple selon un sondage d’Afrobaromètre voudrait que les réformes soient faites. Une grande partie des Organisations de la Société Civile veut les réformes. Et les intellectuels, et le Peuple, et la société Civile majoritairement voudraient que le mandat présidentiel soit limité à deux, que le Président de la République ne soit réeligible qu’une seule fois. Alors, difficile de comprendre le Président Togolais. Puisque le travail est déjà fait. La position de ces différentes couches dont il fait mention dans son interview sur la chaine internationale allemande est déjà connue. Ces couches demandent que le mandat présidentiel soit limité.

Une interrogation taraude toujours l’esprit. Comment s’organisera le travail dont parle président , qui seront membres de cette commission ? Et la durée des travaux de la Commission ? et que fera-t-on des recommandations de ces travaux ? Celles de la CVJR ne sont pas encore vidées de leur substance. Tout cela prendra énormément de temps. Et pendant tout ce temps, Faure Gnassingbé sera-il toujours au pouvoir. Il choisit une formule qui l’arrange.Cette formule n’est-elle pas susceptible de lui de rester le plus longtemps possible au Pouvoir ?

Et si on allait un peu au-delà de tout ceci :

Ne pas faire les réformes, une situation qui viole les droits des citoyens Togolais.

Avec cette sortie publique du N°1 Togolais, on se demande si le Pouvoir a la bonne volonté de faire les réformes puisque le Chef de l’Etat a tout ce dont il a besoin pour les faire passer et voter à l’Assemblée nationale. Son parti y est majoritaire. Mais jusqu’alors, rien. En faisant trainer les choses au nom d’un certain « enjeu de Pouvoir », Faure Gnassingbé encourage la violation des règles de droits minimales liées à la notion de la République, « LA RES PUBLICA », « la Chose Publique Pour tous ». Toutes les institutions ,toutes les Sociétés d’Etat, sont entre les mains du Régime. De la Cour Constitutionnelle à la Cour des Comptes en passant par le Port de Lomé et les sociétés de télécommunication, les militants ou sympatisants du Pouvoir sont au Premier rang. Les biens publics sont concentrés juste entre les mains d’un seul camp. Et Me Yawovi Agboyibor, Président d’honneur du CAR, comité d’Action Pour le Renouveau, parti d’Opposition, avait proposé entre temps un deverrouillage des institutions de la République pour faire avancer les choses. Les réformes, une fois faites, permettrait de revenir à l’essence de la République, à l’égalité des chances, à la rédition des comptes, à la transparence. Et dans ces conditions aucune minorité ne s’accaparerait plus les biens publics, les richesses du pays. Les richesses publiques seraient distribuées équitablement entre les fils et filles du Togo. Les réformes engendreraient une stricte séparation des pouvoirs avec un Pouvoir judiciaire indépendant qui protégera beaucoup les faibles. Un Pouvoir Judiciaire qui dira le droit en tout. Une garantie donc pour la protection des droits de l’homme. Le respect des droits liés à la personne humaine serait donc au rendez-vous. Le Bon plaisir du Prince ne sera plus érigé en loi.

Monsieur le Président, vous ètes le seul à avoir la clé des réformes. Surprenez-nous et votre nom sera inscrit à jamais dans le panthéon de la Démocratie.

Firmin Teko-Agbo

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